Art Of Swing

Art Of Swing

Olivier Dupuy
Olivier Dupuy
Benjamin Steffan
Benjamin Steffan
Ivan Chavez
Ivan Chavez

J'admets avoir créé Art of Swing pour "sauver la face" ; en d'autres termes, pour éviter de me prendre des portes en pleine figure.

Voyez-vous, j'ai remarqué que bon nombre de patrons de bars et de restaurants, comme la plupart des gens en général, pensent que le jazz est quelque chose d'abstrait, d'intellectuel voire d'élitiste.

Mais il n'y a évidemment rien de tout cela.

Au cours de ses 50 premières années, le jazz fut la musique populaire américaine, une musique qui aura aidé les gens à traverser deux guerres mondiales et la Grande Dépression.

Ce pouvoir du jazz vient de l'immense joie qu'il procure.

Ma famille a découvert cette joie pendant l'âge d'or du jazz – l'ère du swing.

Mon grand-père jouait du saxophone et de la clarinette dans un certain nombre d'orchestres de swing, entre la fin des années 1930 et le début des années 1940.

Il paraît que seule une belle fille pouvait lui faire lâcher son saxophone.

C'est comme cela qu'un jour, une certaine blonde est entrée dans la salle…

Elle s'appelait Bertha, mais pour moi ce fût Mamie.

Et puis il y avait Oncle Bruce (le frère de mon grand-père).

Bruce était un peu marginal et pas du genre adepte d'une vie saine. Mais quel pianiste c'était !

A telle enseigne qu'il fit partie de l'orchestre de Harry James pendant près de dix ans et qu'il accompagna Frank Sinatra et Doris Day.

Je ne l'ai jamais rencontré, car il vivait en Californie et moi dans l'Ohio, mais je dois avouer que quand je suis derrière ma batterie ou que je chante au micro, j'imagine Bruce et mon grand-père qui m'observent et sourient.

Comme eux, je fais ce que j'aime vraiment faire.

Mais, plus encore, je participe à quelque chose de plus grand que moi, plus grand que n'importe quel orchestre, je suis habité par cette chose, cet "art du swing" qui, je l'imagine, est éternel.

J'ai découvert le jazz à l'université de Dayton.

J'étais là-bas ce gamin blanc et guindé qui souvent, sans le savoir, allait répéter avec sa chemise à l'envers (Aujourd'hui, je suis ce jazzman décontracté qui souvent, sans le savoir, porte sa chemise à l'envers).

C'est ainsi qu'a commencé mon histoire d'amour parfois douloureuse avec cette musique. Douloureuse ?

Eh bien, disons que pendant que mes amis honoraient leurs rendez-vous galants, j'exécutais des moulins dans un sous-sol sombre et humide.

Puis vint le grand jour de mon départ pour New-York, bien décidé à croquer la Grosse Pomme. Mais j'étais jeune et timide et c'est plutôt la Grosse Pomme qui m'a croqué. Cela ne m'a pas empêché d'y poursuivre mes études musicales et de jouer dans des clubs ou des restaurants.

Je pense que l'un de mes souvenirs les plus émouvants remonte à ce jour d'été où je jouais sur un bateau-mouche qui naviguait autour du port de New-York. Nous jouions en extérieur sur le pont supérieur et tournions autour de la Statue de la Liberté. La nuit était claire et le ciel parsemé de millions d'étoiles scintillant au-dessus de nous alors que nous étions en train d'interpréter "Stardust". Seigneur, quel moment de bonheur ! Il n'y avait qu'une seule rivale à ma musique : une paire de lèvres féminines parlant Français.

Qu'on me comprenne : je ne parle pas spécialement des lèvres d'une femme, mais de la langue et de la culture françaises qui m'avaient sérieusement accroché depuis mes 12 ans.

Un jour, à l'école, en passant par une autre classe alors que je me rendais dans le hall, j'ai entendu quelqu'un dire, dans un film : "Marie a un ballon rouge". La phrase prononcée aurait pu être "Votre grand-mère a les bas qui plissent", que cela n'aurait eu aucune importance. Chaque mot pour moi relevait de la poésie.

Il ne me restait plus qu'à me rendre là-bas. Je savais qu'il y avait une scène jazz à Paris depuis que Sidney Bechet s'y était installé. Mais mon histoire me ramène à son point de départ : des portes parisiennes m'ont été claquées au visage.

C'est alors que j'ai décidé de créer un groupe qui non seulement engagerait les gens, mais permettrait aussi au public, à un certain niveau, de participer.

Telle est l'idée d'Art of Swing

Pour plus d'informations sur Art of Swing: 06 66 64 26 99, lumineux3@yahoo.com